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Alex à propos de son passé, son présent et son avenir prometteur…

Alex à propos de son passé, son présent et son avenir prometteur…

Salut,

J’espère que tu vas bien! J’ai ce moment où je réalise qu’on est déjà le 19 août alors que j’écris cette missive, et maintenant, Sef et Ben nous ont rejoint, Alex, Isabel et moi, ainsi que Stephanie, à Tanger alors que nous nous préparons à entamer un incroyable voyage musical dans la ville qui est devenue notre capitale créative depuis 2017 : Tanger !

Nous sommes lundi matin, et alors que j’écoute le nouvel album des Oh Sees, Sorcs 80, je repense à la conversation mémorable que nous avons eue tous ensemble hier soir, alors que nous étions rassemblés sur le rooftop de La Maison de Tanger autour de la dernière interview d’Alex, qu’il a réalisée dans l’après-midi. J’éprouve toujours un immense plaisir à savourer ces moments uniques où nous nous réunissons autour de quelques délices soigneusement préparés, tandis que les couleurs environnantes changent magnifiquement au-dessus des collines et de la baie, offrant une toile inspirante pour partager quelques réflexions profondes sur ce que nous espérons voir se réaliser, alors que nous sommes tous ravis d’être simplement ensemble à nouveau.

Il y a tant de beauté dans ce qui est simple, sans artifice, et c’est quelque chose que les habitants de Tanger apprécient énormément et qu’ils sont ravis de partager, en particulier avec les étrangers !

Après la lecture de l’interview d’Alex, qui a donné naissance à une belle conversation entre nous, le groupe, qui est venu à Tanger pour la première fois en 2016 avec le profond souhait d’être inspiré pour ce qui aurait dû être un nouvel album de Your Favorite Enemies, mais Tanger a inspiré Alex vers un tout nouveau voyage. Comme il n’en a jamais vraiment parlé ouvertement de cette transition de vie très importante, je me suis dit que ce serait cool de t’envoyer son interview, en exclusivité avant sa publication officielle !

J’avais d’autres projets pour aujourd’hui, mais gardons-les pour la semaine prochaine, car cette interview couvre vraiment un large éventail de sujets entre YFE, Tanger, A Measure of Shape and Sounds, et la tournée américaine prévue en octobre avec Temples..!

Profite bien de l’interview d’Alex avec Zo Magazine !

Soyons bons les uns envers les autres.

Ton hôte et ami,
Jeff


ENTREVUE AVEC ZO MAGAZINE


À l'époque, vous faisiez partie de Your Favorite Enemies, et ce groupe est apparu à un moment où il y avait une énorme vague de groupes alt-rock qui étaient tous un peu rassemblés sous l'ombre d'un rare parapluie au Warped Tour. Aujourd'hui, beaucoup de groupes de cette époque payent leur loyer en vendant de la nostalgie ; en participant à ces grands festivals ou en jouant des concerts où ils interprètent des albums en entier. Il n'y a rien de mal à cela. Je suis fan de ces concerts où l'on joue un album en entier, mais qu'est-ce qui vous a poussé à avancer dans vos capacités artistiques et à aborder l'avenir en tant qu'artiste solo dans un nouveau domaine musical ?

Je crois que les artistes ont leur propre vision, trajectoire, ou interprétation de qui ils sont à des moments précis et des endroits particuliers de leur aventure. J’en suis venu à la conclusion que j’avais poussé Your Favorite Enemies bien au-delà de son dessein original lorsque nous avons lancé Tokyo Sessions en 2016. J’ai dû accepter le fait que je ne pourrais que réécrire ou reproduire une version amoindrie de ce que je savais être le meilleur de nous si j’avais décidé de continuer et d’aller plus loin. Je ne voyais pas le point de me mentir à moi-même plus longtemps, ni d’essayer de convaincre d’autres que je n’avais pas décidé d'être une pâle reproduction de ce à quoi j’avais véritablement donné naissance et cultivé pendant une décennie. L’honnêteté, aussi brutale puisse-t-elle être, demeure un élément clé de mon flot créatif. Le groupe avait déjà eu plusieurs singles dans les tops à la radio, avait été nommé pour plusieurs prix prestigieux, et avait été en tête d’affiche de festivals à l’autre bout du monde… Aussi exaltant que ça puisse être pour certains — et ne vous méprenez pas, je suis très reconnaissant de chaque goutte de succès que nous avons eu — je n’ai toutefois jamais été propulsé par tout ça. Au contraire, ma motivation a toujours été alimentée par mes valeurs communautaires et mon désir d’évoluer en tant que créateur. Alors, lorsque l’aspect business d’une chanson a pris le dessus sur son authenticité, je devais passer à autre chose. Et par autre chose, je veux dire retourner à la base, à ce qui m’a mené à m’exprimer à travers différentes formes d’arts en premier lieu, et ce n’est pas le placement radio, les unités vendues, ou la taille de mon nom sur une affiche de festival. Ça, c’était facile pour moi. Mais ce qui ne l’était pas, c’était de l’annoncer à mes amis, les membres du groupe, avec qui j’avais grandi. Tout comme les gens pour qui Your Favorite Enemies signifiait tant. L’honnêteté fut, en effet, brutale pour plusieurs lorsque j’ai décidé de faire le saut. Certains fans ne m’ont toujours pas pardonné, et je comprends et respecte ça. Mais encore une fois, le courant était trop fort pour que je nie la réalité nouvelle que je devais embrasser. Tout est devenu plus clair suite à ça.
 



Nous passons donc de 2018 jusqu'à aujourd'hui, avec la sortie de l'album de 2024, 'A Measure Of Shape And Sounds.' Vous avez mentionné que cet album traite beaucoup d'introspection, et en écoutant des chansons comme 'Alchemical Connection,' il est clair que la musique instrumentale ressemble davantage à une peinture, en créant des émotions à travers les sons plutôt que les couleurs ou les formes. Donc, tout comme le bleu, le rouge et le jaune ont leurs représentations sur une toile, quels types de sons et d'instruments diriez-vous représentent le mieux la sérénité, la rage et le bonheur lorsque vous composez ?

Si je croyais initialement que ma chirurgie cardiaque m’avait laissé incapable et incompétent, le fait de ne pouvoir m’appuyer sur ma voix, sur les mots, sur l’expression physique, ni sur aucun des pinceaux que j’avais l’habitude d’utiliser pour exprimer mes émotions s’est avéré libérateur pour moi. C’est quand j’ai véritablement vu la grandeur et la luxuriance de mon environnement (j’habite dans le Blue Ridge en Virginie aux États-Unis) que j’ai décidé de donner vie à “A Measure of Shape and Sounds”. La singularité de la nature était l’instrument, des oiseaux qui chantent tôt le matin jusqu’aux renards qui crient la nuit, le vent qui murmure à la forêt, la pluie qui rage et couvre le ciel de ses couleurs autrement claires et paisibles, ou encore le brouillard profond qui recouvre les terres où des cerfs émergent tels des spectres vivants, apportant avec eux le silence d’un moment qui défie le temps lui-même. Ces éléments sont la toile et la peinture ; étrangement familiers, je ne leur avais pourtant jamais porté véritablement attention avant d’être dépourvu de ce faux sens de sécurité encarcanée.
 



Vous avez mentionné les roses et les violets, la sérénité de “Sorrowful Bouquet”. Je l'ai ressenti, mais j'ai aussi eu l'impression que c'était un peu menaçant. C'était comme le début d'un film dans la franchise “Alien”. L'aspect cinématographique des chansons vous vient-il à l'esprit lorsque vous travaillez sur de nouveaux morceaux ? 

C’est un parallèle intéressant, qui me ramène à la musique de Gerry Goldsmith l’espace d’un moment. Et tu as absolument raison. Tant pour le film “Alien” de 1979 que pour la très haute importance de l’aspect cinématographique dans mon processus créatif. J’écris de façon visuelle, c’est ce que j’ai toujours fait, même avec Your Favorite Enemies, bien que les sonorités étaient complètement différentes. C’est comme être dans un train rapide et capturer des clichés de la vie, que ce soit un son, une image, une couleur, et à l’arrivée, lorsque tout est assemblé, on obtient une version du voyage. Ce n’est pas grave si c’est confus, embrouillé ou fragmenté, parce que je pourrais refaire le même trajet, sur le même train, jour et nuit sans relâche, sans jamais photographier un cliché identique. Pour moi, c’est ça la vie. Le “résultat”, s’il en est un, n’a rien à voir avec l’exactitude parfaite d’une scène, c’est plutôt une perception de cette dernière, voire une sensation, assemblée contre le nombre de séquences que nous voulons partager avec les autres à un certain moment. C’est toujours cinématographique et métaphorique en un sens, une représentation de la réalité qui peut être définie et redéfinie avec chaque passage.
 



Vous serez en tournée en octobre avec Temples. Lorsque vous avez la responsabilité de soutenir une tournée, comment procédez-vous pour adapter votre set ? En créez-vous un et vous y tenez-vous ou en préparez-vous plusieurs et les testez-vous au fur et à mesure des concerts ?

Je n’aborde jamais un concert, un festival ou une tournée en fonction d’être “supporting” ou “headlining”. C’est plutôt par rapport aux émotions que je veux partager avec les gens lors d’une soirée. La setlist évolue, tout comme les chansons elles-mêmes, d’un concert à l’autre. Je ne crois pas avoir joué mes propres chansons de la même façon deux fois ! C’est à propos du moment. Je conduis le groupe en fonction de ce que je ressens, perçois, dans quoi je m’immerge. Ça rend mon groupe fou, c’est le moins qu’on puisse dire ! L’improvisation instinctive est un élément intrinsèque à mes concerts. C’est pourquoi, à tout le moins pour moi, ce n’est pas un “concert” ou de l’”entertainment” ; c’est une communion où nous pouvons être libres pour un bref instant. Alors comment est-ce qu’un rassemblement communal peut être le même à Seattle, Columbus, Washington, New York, ou n’importe quelle autre ville ? La fibre de chaque communauté est fondamentalement unique et singulière. Je n’ai pas à m’imposer à sa composition, je n’ai qu’à offrir mes teintes et mes nuances à la couleur que possède la foule. On reçoit à la même mesure que l’on accueille… C’est comme ça que je le vois.
 



Petite parenthèse : Étant donné que c'est le moment idéal pour la rentrée scolaire ce mois-ci, j'aimerais savoir quelle chanson de votre passé vous transporte immédiatement dans les préparatifs pour les cours le matin ?

Wow ! Quelle question fantastique ! Ce serait “People Ain’t No Good” par The Cramps. Cette chanson représente parfaitement mes années adolescentes, alors que je me frayais un chemin à travers les années du secondaire (collège et lycée pour les Français) en tant que jeune punk issu du mauvais côté de la ville ! Et peu importe à quoi on s’identifie, d’où on vient, on ne peut pas faire d’erreur avec The Cramps, c’est sans équivoque !
 



Enfin, avec “A Measure Of Shape And Sounds” qui sortira le 20 septembre et quelques dates de concert déjà prévues, à quoi les fans peuvent-ils s'attendre alors que nous terminons l'année 2024 ?

Je suis présentement à Tanger, au Maroc, où j’ai établi un studio afin de commencer à travailler sur du nouveau matériel avec les membres de mon groupe jusqu’à la mi-septembre. Après la tournée américaine, je me dirige au Japon où j’ai été invité à parler du film à venir “Voyage à la Mer”, que j’ai filmé et produit au Japon, avant de retourner dans mon studio d’enregistrement à Montréal pour continuer mon prochain album. C’est en quelque sorte une période de création transitoire pour moi, alors le flot du courant est différent de son habitude. Il n’est pas moins fort, loin de là, et je ne fais pas confiance aux répits de toute façon, mais j’aime m’engager dans l’inconnu en tant qu’artiste. Il est temps de sauter dans le train et de prendre de nouveaux clichés !

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